The
Secret Life of Words
Un film d’Isabel Coixet
Avec Sarah Polley, Tim Robbins, Javier Camara, Julie Christie…
On avait vraiment découvert la réalisatrice Isabel Coixet avec son précédent film, My life without me, une œuvre tendre et poétique sur une jeune femme qui meurt et qui organisait sa vie avant de mourir, avant de quitter ses enfants, son mari. Une émotion et une simplicité dans le récit que l’on retrouve dans The Secret Life of Words, sa nouvelle réalisation.
Le film nous raconte l’histoire d’un jeune femme, enfermée dans un profond mutisme, ne parlant à personne, travaillant dans une usine sans dire un mot, ne vivant pas, ou plus précisément. Convoquée un jour par son patron, celui-ci la somme de prendre des congés. A contrecœur, elle accepte.
Alors qu’elle se trouve en vacances, seule une nouvelle fois, elle se propose comme infirmière pour une plate-forme pétrolière où un grave accident vient d’avoir lieu. Elle doit s’occuper d’un homme en attendant qu’il recouvre la vue et puisse être déplacé.
Très rapidement, et malgré le malaise de la jeune femme, une complicité s’instaure entre eux.
Le cadre très original de l’action du film, une plate-forme pétrolière, donne libre cours à une intrigue intime et intimiste, magnifiée et grandie par les éléments naturels, mais aussi par ce cadre si particulier, ce microcosme, cette prison sur l’eau où le temps semble parfois s’être arrêté.
Entre le cuistot, les hommes de bord, un jeune océanographe et une oie, deux êtres vont apprendre à se connaître, à se découvrir, à se révéler aussi.
Comme dans Ma vie sans moi, le rôle principal est tenu par Sarah Polley, dont le magnétisme et la sensibilité donnent au personnage de Hanna une émotion particulière, faite de retenue, d’un certain désespoir mais aussi une force de caractère que l’on sent forgée par la vie et ses douleurs. Face à elle, Tim Robbins, excellent, qui passe la majeure partie du film allongé sur un lit mais qui révèle une sensibilité que l’on n’avait encore pas découvert ainsi. Ce duo, paisiblement amoureux avec le temps, donne ainsi toute sa force au film dont le titre évoque le silence, les blessures du passé et la difficulté de dialoguer parfois.
La réalisatrice laisse du temps à ses personnages, à ses longues scènes de discussion, de découverte qui sont la saveur du film.
Nappé dans une atmosphère apaisée, lente, elle laisse le film avancer de lui-même, se frayer un chemin dans les vagues qui frappent la plate-forme, décryptant doucement la personnalité de chacun.
The Secret Life of Words confirme le talent d’Isabel Coixet pour raconteur des histories simples et touchantes.
Le plaisir et l’émotion sont au rendez-vous, qu’il ne faut pas manquer.
Arnaud Meunier
20/04/2006